"Ο λόγος ο εφήμερος βαστά μόνο μια μέρα
το άρωμά του όμως κρατεί και νύχτα και ημέρα"
Στ.Γ.Κ., Νοε. 2010

Pour tous ceux qui aiment la poesie francaise!

 

 

 

 

 

Léo Ferré chante Jean-Roger Caussimon – Nous deux.

(musique de LÉO FERRÉ)

Ils sont partis sans crier gare
Avec leurs mômes et leurs guitares
Nos frères gitans de Saint-Ouen.
Elles sont parties, à tire-d´aile
Et sans retour, les hirondelles
Paris n´en avait plus besoin.
Flots de béton et de bêtise
Faut des drugstores et du strip-tease
Des buildings et des souterrains
Et de Boulogne et de Vincennes
Et des quais fleuris de la Seine
Bientôt, il ne restera rien.

Mais ce jour-là, ma tourterelle,
Ma fille à moi, ma toute belle
Ma frangine d´amour, ma maman,
Malgré les planches et puis la terre
On s´blottira comme on sait l´faire
Nous deux!


Malgré la terre et puis les planches
On s´câlinera, comme le dimanche
Quand on va pas au cinéma
Nous deux!
Et qu´après, on s´retrouve en rêve
Fascinés comme Adam et Eve
Et tout fiers d´avoir trouvé ça,
Nous deux!

Tu vois, c´est écrit à la une
On se dispute déjà la Lune.
Enfants de demain, innocents!
Un général sur les planètes
Vous suivra d´loin, à la lunette
Et dira : C´est rouge de sang!
À tant jongler avec la bombe
Un jour, faudra bien qu´elle tombe
C´est son but et c´est notre lot
Il faudra bien que ce jour vienne
Adieu Paris et adieu Vienne
Adieu Rome et Monte-Carlo!

Mais ce jour-là, ma tourterelle,
Ma fille à moi, ma toute belle
Ma frangine d´amour, ma maman,
Que tout se glace ou que tout flambe
Ça fait rien, si l´on est ensemble
Nous deux!


Que tout flambe ou que tout se glace
Nous aurons déjà notre place
Dans la légende des amants
Nous deux!
Alors, quand sautera la planète
Si jamais sonnent les trompettes
On s´en foutra divinement
Nous deux!

Les gens vont me traiter d´artiste,
De sans-coeur, et si j´en suis triste
Je n´en serai pas étonné
Car ce coeur pitoyable et tendre
À toi seule, qui sus le prendre,
Depuis longtemps je l´ai donné.
Tout comme aujourd´hui, je te donne
Cette chanson de fin d´automne
Qui se voulait chanson d´amour.
Je ne suis ni saint, ni apôtre
Et pour penser encore aux autres
Il me reste trop peu de jours.

En attendant, ma tourterelle,
Ma fille à moi, ma toute belle
Ma frangine d´amour, ma maman,
Puisque nos âmes vagabondent
Allons faire le tour du monde
Nous deux!


Puisque vagabondent nos âmes
Embrassons-nous tout près des lames
De l´océan des mauvais jours
Nous deux!
Et puis, à nos amours fidèles
Au coeur des neiges éternelles
Allons nous perdre pour toujours
Nous deux!”

 

=======================================

Voici venir les temps ou vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir
Valse mélancolique et langoureux vertige

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige
Valse mélancolique et langoureux vertige
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir

Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige
Un coeur tendre qui hait le néant vaste et noir
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige

Un coeur tendre qui hait le néant vaste et noir
Du passé lumineux recueille tout vestige
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir

Charles Baudelaire

==================

 

 

Ecoute-moi revivre dans ces forêts
Sous les frondaisons de mémoire
Où je passe verte,
Sourire calciné d’anciennes plantes sur la terre,
Race charbonneuse du jour.


Ecoute-moi revivre, je te conduis
Au jardin de présence,
L’abandonné au soir et que les ombres couvrent,
L’habitable pour toi dans le nouvel amour.


Hier règnant désert, j’étais feuille sauvage
Et libre de mourir,
Mais le temps mûrissait, plainte noire des combes,
La blessure de l’eau , dans les pierres du jour.

 

Yves Bonnefoy
Une voix

====================

 


Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent, et qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. (…)
C’est ainsi que je suis votre ami, j’aime votre bonheur, votre liberté, votre aventure en un mot, et je voudrais être pour vous le compagnon dont on est sûr, toujours.“

Albert Camus, René Char
Correspondance

Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre ? Où mène-t-il pour nous solliciter si fort ? Quels arbres et quels amis sont vivants derrière l’horizon de ses pierres, dans le lointain miracle de la chaleur ? Nous sommes venus jusqu’ici car là où nous étions ce n’était plus possible. On nous tourmentait et on allait nous asservir. Le monde, de nos jours, est hostile aux Transparents. Une fois de plus il a fallu partir… Et ce chemin, qui ressemblait à un long squelette, nous a conduits à un pays qui n’avait que son souffle pour escalader l’avenir. Comment montrer, sans les trahir, les choses simples dessinées entre le crépuscule et le ciel ? Par la vertu de la vie obstinée, dans la boucle du Temps artiste, entre la mort et la beauté.

***

Poème extrait de La Postérité du soleil (1965) d’Albert Camus – Préface de René Char (1907-1988)

 

 

Lignes
Sur des lignes tracées sans but sur le papier ; sur des pages de
lignes.

Ennoblie par une trace d’encre, une ligne fine, une ligne, ou plus rien ne pue

Pas pour expliquer, pas pour exposer, pas en terrasses, pas monumentalement

Plutôt comme par le Monde il y a des anfractuosités, des sinuosités, comme il y a des chiens errants

une ligne, une ligne, plus ou moins une ligne…

En fragments, en commencements, prise de court, une ligne, une ligne…
… une légion de lignes

Alevins de l’eau nouvelle d’un sentiment qui point, parle, rit, ravit ou qui déjà par moments poignarde

Échappées des prisons reçues en héritage, venues non pour définir, mais pour indéfinir, pour passer le râteau sur, pour reprendre l’école buissonnière, lignes, de-ci de-là, lignes,

Dévalantes, zigzagantes, plongeantes pour rêveusement, pour distraitement, pour multiplement… en désirs qui s’étirent, qui délivrent.

==================

 

Débris sans escorte, le réel déminé,
Souris du souvenir indéfiniment se profilant à ‘horizon de la page,
ou bien tracés légers d’avenir incertain.

D’aucune langue, l’écriture —
sans appartenance, sans filiation
Lignes, seulement lignes.


Henri Michaux,
Moments, Traversées du temps, “Le Point du jour”, Gallimard

 

=======================

Je t’ai cherchée


Dans tous les regards


Et dans l’absence des regards,
Dans toutes les robes, dans le vent,


Dans toutes les eaux qui se sont gardées,
Dans le frôlement des mains,


Dans les couleurs des couchants,
Dans les mêmes violettes,


Dans les ombres sous les hêtres,
Dans mes moments qui ne servaient à rien,


Dans le temps possédé,
Dans l’horreur d’être là,


Dans l’espoir toujours
Que rien n’est sans toi,


Dans la terre qui monte
Pour le baiser définitif,


Dans un tremblement
Où ce n’est pas vrai que tu n’y es pas…”


Eugène Guillevic

==================

 

 

Ne fréquente pas ceux qui sont à moitié amoureux,

Ne sois pas l’ami de ceux qui sont à moitié des amis..

Ne lis pas ceux qui sont à moitié inspirés.

Ne vis pas la vie à moitié

Ne meurs pas à moitié

Ne choisis pas une moitié de solution

Ne t’arrête pas au milieu de la vérité

Ne rêve pas à moitié

Ne t’attache pas à la moitié d’un espoir

Si tu te tais, garde le silence jusqu’à la fin, et si tu t’exprimes, exprime -toi jusqu’au bout aussi.

Ne choisis pas le silence pour parler, ni la parole pour être silencieux …

Si tu es satisfait, exprime pleinement ta satisfaction et ne feins pas d’être à moitié satisfait …

et si tu refuses, exprime pleinement ton refus, car refuser à moitié c’est accepter..

Vivre à moitié, c’est vivre une vie que tu n’as pas vécue…

Parler à moitié, c’est ne pas dire tout ce que tu voudrais exprimer

sourire à moitié, c’est ajourner ton sourire,

aimer à moitié, c’est ne pas atteindre ton amour

être ami à moitié c’est ne pas connaître l’amitié

Vivre à moitié, c’est ce qui te rend étranger à ceux qui te sont les plus proches, et les rend étrangers à toi….

La moitié des choses, c’est aboutir et ne pas aboutir, travailler et ne pas travailler, c’est être présent et …absent

Quand tu fais les choses à moitié, c’est toi, quand tu n’es pas toi-même, car tu n’as pas su qui tu étais

C’est ne pas savoir qui tu es…

Celui que tu aimes n’est pas ton autre moitié…c’est toi même, à un autre endroit, au même moment.

Boire à moitié n’apaisera pas ta soif, manger à moitié ne rassasiera pas ta faim…

Un chemin parcouru à moitié ne te mènera nulle part

et une idée exprimée à moitié ne donnera aucun résultat …

Vivre à moitié, c’est être dans l’incapacité et tu n’es point incapable…

Car tu n’es pas la moitié d’un être humain

Tu es un être humain…

Tu as été créé pour vivre pleinement la vie, pas pour la vivre à moitié.

(Khalil Gibran, Vivre à moitié)

 

============================

 


On apprend l’eau – par la soif
La terre – par les mers qu’on passe
L’exaltation- par l’angoisse
La paix – en comptant ses batailles
L’amour – par une image qu’on garde
Et les oiseaux – par la neige …

E.Dickinson

 


Σχολιάστε