"Ο λόγος ο εφήμερος βαστά μόνο μια μέρα
το άρωμά του όμως κρατεί και νύχτα και ημέρα"
Στ.Γ.Κ., Νοε. 2010

Le Jongleur de la Vierge Marie (του Πάουλο Κοέλιο, 1947-)

 

 

 

 

Le Jongleur de la Vierge Marie

Une Nouvelle DE PAULO COELHO

 

[Cette année (2007), Paulo Coelho a demandé à Evene de publier en exclusivité sa nouvelle de Noël. L’écrivain portugais signe une pieuse comptine dans laquelle la foi est un cadeau que le père Noël apporte à un jeune jongleur...]

 

“Une légende médiévale raconte que dans le pays qui s’appelle aujourd’hui l’Autriche, la famille Burkhard – un père, une mère et un fils – avait l’habitude de divertir les gens à Noël en récitant des poèmes, en chantant de vieilles chansons de troubadours, et en jonglant. Bien sûr, il ne leur restait jamais assez d’argent pour s’offrir des cadeaux, mais le père dit à son fils :

Sais-tu pourquoi la hotte du Père Noël n’est jamais vide, bien qu’il y ait beaucoup d’enfants de par le monde ? Car elle peut être remplie de jouets, mais parfois il y a des choses plus importantes à livrer, c’est ce qu’on appelle les “cadeaux invisibles”. Dans un foyer désuni, il essaie d’apporter l’harmonie et la paix pour la nuit la plus sainte des chrétiens. Là où il n’y a pas d’amour, il dépose dans le coeur des enfants une graine de foi. Si l’avenir semble noir et incertain, il apporte l’espoir. Nous, après la visite du Père Noël, nous nous réjouissons d’être toujours en vie et de faire notre travail, qui est de rendre les gens heureux. N’oublie jamais cela.”

Le temps passa, le garçon grandit, et un jour la famille passa devant l’impressionnante abbaye de Melk, qu’on venait de bâtir.

Papa, tu te souviens qu’il y a longtemps tu m’as raconté l’histoire du Père Noël et des cadeaux invisibles ? Je crois que j’en ai reçu un : la vocation d’être prêtre. Cela vous dérangerait-il si je réalisais ce rêve ?”

Même s’ils avaient vraiment besoin de la présence de leur fils, la famille comprit et respecta le souhait du garçon. Ils frappèrent à la porte du monastère où ils reçurent un accueil chaleureux et aimable de la part des moines qui prirent le jeune Burkhard comme novice.

 

La veille de Noël approchait. Et justement ce jour-là, un miracle particulier eut lieu à Melk : la Vierge Marie, avec dans ses bras l’enfant Jésus, décida de descendre sur terre pour rendre visite au monastère.

Tous les prêtres se mirent en ligne, chacun se tenant fièrement devant la Vierge afin de rendre hommage à la madone et à son fils. L’un fit remarquer les magnifiques tableaux qui décoraient les lieux, l’autre montra une copie de la Bible dont la rédaction et l’illustration avaient nécessité cent ans, un troisième récita les noms de tous les saints.

Tout au bout de la rangée, le jeune Burkhard attendait nerveusement son tour. Ses parents étaient des gens simples, et la seule chose qu’ils lui avaient apprise, c’était à lancer des balles en l’air et à jongler.

Son tour arrivé, les autres prêtres jugèrent qu’il était temps de mettre fin aux hommages, puisque l’ancien jongleur n’avait rien d’important à ajouter, et pourrait même ternir l’image de l’abbaye.

Cependant, tout au fond de son coeur, il ressentait le besoin de donner quelque chose de lui-même à Marie et son fils. Honteux sous les regards pleins de reproches de ses frères, il sortit de sa poche des oranges et se mit à les lancer en l’air et à les rattraper avec ses mains, créant un magnifique cercle dans l’air, comme il le faisait quand sa famille et lui allaient de foire en foire dans la région.

A ce moment-là, l’enfant Jésus dans les bras de la Vierge se mit à applaudir de joie. Et c’est au jeune Burkhard que la Vierge tendit l’enfant souriant pour qu’il le porte quelques instants.

 

La légende se termine en disant que depuis ce miracle, tous les deux cents ans un nouveau Burkhard vient frapper à la porte de l’abbaye de Melk, y est accueilli, et pendant toute la durée de son séjour là-bas, réchauffe le coeur de ceux qui le rencontrent.(31/12/07)

 

 


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